École Jean Fassina
À propos
Riche de son travail auprès de Jean Fassina, pédagogue issu de la grande tradition polonaise depuis Paderewski, Jacqueline Bourgès-Maunoury aime transmettre ce savoir aux jeunes pianistes.
Elle anime des Masterclasses dans le monde entier et préside l’Association Piano+ qui organise des rencontres musicales, rodages de concerts et concours internationaux.
Revue “PIANO” no 10 . 1996-1997
JEAN FASSINA
Un maître en dehors des sentiers battus
A un moment de sa carrière, la pianiste Jacqueline Bourgès-Maunoury a éprouvé l’envie de s’arrêter et de chercher des réponses à des questions qu’elle se posait depuis longtemps. Elle raconte son expérience avec Jean Fassina.
“À la faveur d’un concours international auquel je participais, j’eus l’occasion d’entendre une pianiste qui était à l’époque son élève. Je fus frappée par sa sonorité et surtout par la liberté absolue, la fluidité de son jeu. J’étais moi-même en pleine recherche. Elle m’expliqua qu’elle devait cette aisance, cette facilité à Jean Fassina. J’ai donc eu envie de connaître son maître.
Lorsque l’on va chercher un maître, c’est par définition toujours pour apprendre, même so l’on est déjà pianiste engagé dans la carrière. “On n’a jamais fini d’apprendre”, disait Schumann. C’est ainsi que, losrque l’on a accumulé pendant des années des tensions inutiles, Fassina conseille d’étudier sur des textes relativement simples, ce qui permet d’apprendre tout d’abord à être calme ; à se vider de toute crispation - à la fois mentale et corporelle. Mais il faut considérer avec quelle exigence d’écoute est mené ce travail !
Alors, le temps est aboli. Il n’y a plus que cette écoute qui compte, l’énergie du doigt au service du son, snas que cela entraîne la moindre tension parasite par ailleurs.
Fassina apprend comment être “souple” en permanence, sans être “mou”. Supprimer toutes les tensions parasites du corps, cela prend beaucoup de temps. Or, c’est justement ce travail-là que Jean Fassina mène avec l’élève afin que celui-ci parvienne à mettre l’énergie exactement là où il faut.
Lorsque vous entendez des grands pianistes, vous avez la sensation qu’ils ont énormément de force et qu’ils ne se fatiguent jamais. Tout est là, mais au service de la musique, bien sûr ! Jean Fassina transmet ces principes qu’il a hérités des pays de l’Est. Son maître se nommait Henryk Sztompka. Vous savez que, dans ces pays, on commence par enseigner la physiologie de la main…
Le fait de connaître ces données physiologiques fait gagner du temps. Fassine enseigne, par exemple, la meilleure façon de s’asseoir librement sur le tabouret du piano, sans fatiguer le dos ; ou encore la particularité du pouce par rapport aux autres doigts. Il n’y a pas de liberté sans connaissance. Certes, on peut arriver au bon resultat, mais c’est parfois au prix d’une souffrance. L’inspiration s’exprime encore mieux dans un corps libre de toute entrave. “
Propos recueillis par Alexandre Sorel